
22 janvier 2025
Depuis quatre mois, les résidents de l’École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD) s’immergent dans le territoire des Vosges du Nord, prenant racine au moulin d’Eschviller. Entre explorations, expérimentations et échanges avec les habitants, leur projet collectif interroge la forêt sous toutes ses facettes, qu’elle soit économique, sociale, ou sensible. Cette résidence artistique est l’occasion de partager leurs premières réflexions et pistes de création, en lien avec l’identité forestière du territoire.
La forêt : entre ressource et imaginaire
Au cœur de leur démarche se trouve une réflexion sur la forêt en tant qu’écosystème vivant et ressource essentielle. Les résidents s’intéressent à la gestion forestière, à la transformation du bois – de la graine au meuble – et aux savoir-faire traditionnels. Ces explorations soulignent les temporalités contrastées entre la croissance des arbres et les besoins humains. Les discussions avec les habitants révèlent, en parallèle, des pratiques vernaculaires riches, souvent oubliées, qui incarnent un lien instinctif et durable avec la forêt.
Ce contraste ouvre une réflexion sur la manière dont la forêt est perçue dans l’imaginaire collectif et pose une question essentielle : comment transformer ce patrimoine naturel en un bien commun, utile et transmis aux générations futures??
Premières pistes de projets
Les résidents de l’ENSAD envisagent plusieurs initiatives pour répondre à ces enjeux, notamment la création d’une pépinière-laboratoire. Ce lieu hybride serait à la fois une réserve forestière, un espace de recherche, et un centre de formation aux métiers du bois. Il permettrait de sensibiliser la population à la préservation des forêts et de transmettre des savoir-faire artisanaux.
Ce projet met également en lumière des problématiques spécifiques au territoire, telles que l’évolution des modes de consommation. L’usage accru de matériaux modernes comme le plastique a progressivement écarté le bois local, impactant les métiers traditionnels liés à la seconde transformation. Cette tendance a non seulement uniformisé les objets du quotidien, mais également affaibli l’identité régionale et les pratiques artisanales.
Redynamiser les métiers de la seconde transformation
Dans un territoire où la forêt couvre une grande partie du paysage, les métiers liés à la transformation du bois peinent à trouver leur place. Malgré les ressources naturelles abondantes, seulement 500 emplois étaient recensés dans ce secteur en 2014. Plusieurs obstacles freinent son développement : dévalorisation des métiers, manque de formations accessibles et absence de débouchés. Pourtant, relancer cette filière pourrait offrir des opportunités économiques significatives pour la région tout en valorisant ses richesses locales.
Réinvestir le patrimoine bâti
Le pays de Bitche porte les traces d’un passé industriel avec de nombreux bâtiments vacants, souvent situés au cœur des villages. Ces lieux, encore chargés de mémoire, représentent des opportunités uniques pour accueillir artisans, associations ou centres de formation. Leur réhabilitation pourrait jouer un rôle central dans la redynamisation du territoire.
Accompagner l’installation des jeunes
Pour retenir les jeunes formés aux métiers de la forêt et du bois, il est essentiel de leur offrir un soutien global. Cela passe par des opportunités professionnelles mais aussi par des conditions de vie attractives : logements accessibles, services, loisirs et intégration sociale. Sans cet accompagnement, les jeunes quittent le territoire, aggravant le manque de dynamisme local.
Une invitation au dialogue
À mi-parcours de leur résidence, les résidents de l’ENSAD invitent le public à découvrir leurs questionnements et premiers projets. Leur travail s’inscrit dans une démarche collaborative, visant à sensibiliser aux enjeux environnementaux, économiques et culturels de la forêt. Ensemble, ils explorent des réponses pour faire de ce patrimoine naturel un véritable bien commun, ancré dans le territoire et tourné vers l’avenir.
Commentaires(0)