Mélanie Muller : l'artiste bitchoise qui a bonne mine...de crayon !

Son pseudo : Porte-plumes porte-poils. Jeu de mots avec porte-mine qui fait référence à ses premiers modèles. Mélanie Muller est une artiste bitchoise autodidacte. Touche à tout depuis l’enfance, elle s’est essayée à plusieurs domaines : dessin, peinture, photo, sculpture…Partir de rien et créer, voilà son idée !

Grâce aux conseils d’une mère ayant étudié aux Beaux-Arts et surtout à un travail acharné, « je suis une bosseuse » nous confie-t-elle, son talent a pu s’exprimer tout en finesse et détails dans ses œuvres.

Depuis 2019, elle s’est recentrée sur le dessin au crayon. « Quand vous devez vous occuper de vos enfants, les pinceaux ont le temps de sécher et quand on y revient il faut tout nettoyer avant de pouvoir continuer. Avec le crayon, on peut se remettre à son dessin dès qu’on a un moment, que ce soit de manière rapprochée ou non et ce sans la contrainte du nettoyage » ironise-t-elle. Surtout qu’elle dispose rarement de temps pour s’adonner à sa passion. Le processus de réalisation est de ce fait souvent très long et impossible à quantifier en heures de travail, qui semblent, au vu des détails, effectivement innombrables !

Ce choix est également motivé par une volonté de travailler en noir et blanc , plus intéressant selon elle, et d’ignorer ainsi les couleurs pour donner la pleine mesure aux nuances, aux textures, aux détails.

Et le pari est réussi ! On a l’impression que le relief est là, que si on touchait son dessin on pourrait le sentir ! « La couleur nous fait oublier la composition des choses » nous dit-elle. Avis que tous ne partagent pas puisque souvent les personnes les plus âgées lui disent préférer la couleur, peut-être car le noir et blanc représente pour eux un retour en arrière.

Ses réalisations sont toutes en lien avec la nature qui tient une place essentielle dans sa vie. Et pour cause ! Elle exerce en effet le métier de jardinière au quotidien et avoue ne pas être capable de rester à l’intérieur lorsqu’il fait beau temps. Mais pas pour dessiner, non ! La moindre tâche sur le blanc de ses dessins est inenvisageable !

Ce sont ses proches qui l’ont encouragée à sortir de l’ombre et à exposer ses œuvres, chose difficile pour cette artiste qui n’aime ni rentrer dans les cadres, ni se mettre en avant et qui les avait reléguées dans des cartons.

Le Centre d’Arts de Schorbach fut le premier lieu à accueillir les portraits, toujours réalisés à partir de photos (parfois les siennes), du peuple du monde invisible qui grouille sous nos pieds : les insectes ! « Ils fourmillent, s’échinent, s’organisent…nous passons constamment à côté sans même les remarquer. » Elle a voulu « mettre en lumière tous ces artisans, indispensables à la bonne marche de la nature » et à sa beauté qu’elle révèle d’un simple coup de crayon.

Seuls outils de l’artiste d’ailleurs : le crayon et la gomme. Cette dernière pas uniquement pour supprimer ses éventuelles erreurs, mais aussi pour retirer de la matière afin de travailler sur la profondeur, qu’elle façonne également à l’aide d’estompes.

Les modèles de l’exposition « Sous les brins, sur les feuilles » ont également déjà séjourné entre les murs de la Grange aux paysages de Lorentzen et peupleront l’espace culturel associatif  Le Cotylédon de Phalsbourg à partir de ce samedi 14 janvier.

Une exposition à l’Université de Sarreguemines au mois de juin serait en projet et reste à confirmer.

Au fil des expos, un réseau se tisse, amenant Mélanie de l’une vers l’autre. Elle avoue cependant que « lorsqu’on n’est pas du milieu, on peine à trouver des contacts. »

                                       

Son talent ne se limite pas aux seuls dessins d’insectes puisqu’au gré des commandes de ses proches ou via sa page Facebook, ses modèles se sont diversifiés. Parmi ses œuvres on trouve aujourd’hui aussi bien des gorilles que des appareils photo, des motos ou des chouettes. Un répertoire hétéroclite à partir duquel il est difficile de trouver le fil conducteur nécessaire à la démarche artistique demandée pour exposer. Si le thème de sa prochaine série est à définir, l’artiste évoque d’ores et déjà l’envie de travailler sur le flou et la profondeur de champ, même si cela reste encore…flou !

En attendant, n’hésitez pas à vous rendre à Phalsbourg, découvrir ses somptueux portraits d’insectes, sublimés et rendus beaux puisqu’ils sont mis en valeur seuls sur un fond neutre, au premier plan pour une fois, et non cachés dans leur environnement naturel...plus vrais que nature !